Garder confiance : la peur de perdre le contrôle ?

Confiance en soi, perdre confiance, garder confiance, confiance trahie… Derrière ces mot se cachent souffrances, déceptions, peurs, angoisses, stress… mais aussi bonheur, enthousiasme, désir, curiosité.

La confiance porte beaucoup de concepts. On peut la définir comme le lien que l’on crée entre soi et une personne ou un chose, qui est généralement accordé de manière assez binaire : on a, ou pas, confiance.

Ainsi, derrière chacun de nos choix se cache un calcul plus ou moins conscient. D’après ce que je sais, quelle chance y a t-il que les choses se déroulent tel que je le voudrais ?

Toute relation est basée sur la confiance.

Au quotidien, pour prendre une décision, on ne fait pas de calcul de probabilités. On se base sur quelque chose de bien plus répandu : l’expérience.

Par exemple, dans ma relation au monde, je ne doute pas que chaque fois que ma poitrine se gonfle, l’air va arriver. 

Comment vivre sans être sûr que la minute qui vient, va vraiment arriver ? Ou que je ne tombe pas si je marche, cours, ou conduis une voiture ? Comment pourrais-je être serein, si je ne croyais pas pouvoir répondre à ma faim ? Ou dans ma capacité financière à acheter mon alimentation ? J’ai donc confiance en la monnaie et dans le moyen de paiement. J’ai confiance en ma banque. Je crois également que le caissier ne va pas me voler, et me rendra correctement la monnaie, ce qui m’évitera quelques secondes de vérification. 

Car avoir confiance, c’est un sacré gain de temps et de tranquillité !

Au niveau des organisation et des états, c’est la même chose. Risque, expérience, état des ressources et du marché mondial, consommation…. fait décider aux dirigeants, par exemple, que 3 mois de réserves stratégiques de pétrole sont suffisantes pour parer aux risques… identifiables. Etc…

Garder confiance : temps, relation, apprentissage.

La confiance est la trame de notre vie car elle constitue la base des relations. Or une relation est un lien de dépendance ou d’influence réciproque. C’est donc un lien avec quelque chose que je ne maîtrise pas mais dont je pourrais subir les conséquences. D’où l’inconfort, la méfiance, la peur.

Avoir confiance pour agir. Agir pour avoir confiance

Sans confiance, nous serions englués dans une peur mortifère. Incapables de nous mouvoir ou de décider. Essayant d’anticiper chaque événement. Mais sans avoir les informations suffisantes pour agir correctement. Et donc, l’esprit constamment en train d’anticiper, dans l’impossibilité de vivre le présent.

Plus la confiance est grande (envers un ami, un membre de la famille, une institution, un partenaire commercial), plus je pourrai dormir… sur mes deux oreilles. La valeur de la confiance est pour moi… est incalculable. Elle permet tout simplement de bâtir sur de solides fondations.

Garder Confiance
La confiance…

Comment se construit la confiance ?

La confiance naît de l’expérience. Un bébé a peur dès qu’il perd le contact avec sa mère, a de nouvelles sensations, de nouveaux goûts. Mais peu à peu, il essaie, n’ayant pas conscience des dangers.

En grandissant, cependant, chaque petite expérience réussie, (dans son cas, qui  ne provoque ni douleur, sensation désagréable, ou réprimande) lui donne l’impression d’avoir de grands pouvoirs. 

Il s’aventure alors à nouveau vers de nouvelles expériences, qui forcément conduisent à un échec ou une souffrance qui le fait douter ou le conforte dans la connaissance que telle action a telle conséquence. 

Puis, prudemment, il reprend son exploration.

L’enfant alterne ainsi entre perte et regain de confiance, qui durant toute sa vie, forment son “capital de confiance”.

On voit dans cette description que la confiance est intimement liée à l’expérience. Plus on aura d’expériences, plus le potentiel de confiance augmentera. On peut résumer la gain de confiance dans la représentation suivante.

Corrélation entre les expériences et la confiance
Corrélation expériences-confiance

Théoriquement, cette courbe reste croissante. Sauf lorsque les accidents de la vie ne sont pas compensés. 

Prenons par exemple, un motard qui chute grièvement suite au déboîtement brutal d’une voiture. Il se remet et retrouve ses capacités physiques. Mais sera-t-il capable d’affronter à nouveau le risque de tomber, ou de ne pas pouvoir anticiper la manoeuvre d’un inconnu ?

Voici une autre illustration de cette corrélation confiance/expérience.

Je me souviens de ma grand-mère lorsque la maladie d’Alzheimer avait fortement entamé sa mémoire. Outre la détresse de ne pas pouvoir se souvenir ou de reconnaître la personne en face d’elle, il y avait la peur d’agir. C’était une perte ou plutôt une défiance envers son environnement qu’elle redécouvrait sans cesse. Elle était plongée dans un monde de doutes et d’inconnues.

Confiance transitive

Désolé pour le terme mathématique. Cela signifie, que si j’ai confiance en quelqu’un, qui me recommande quelqu’un d’autre, alors sa recommandation sera gage de fiabilité. La confiance se transmet en créant une chaîne quasiment sans fin.

De récentes théories scientifiques expliquent l’accélération du développement de l’humanité par sa capacité à transmettre des informations, un savoir, et donc des expériences de manière asynchrone. C’est donc à partir de l’invention de l’écriture que les connaissances, les idées, les expériences traversent le temps et l’espace et se répandent.

Or plus un savoir est répandu et admis, plus il est crédible. 

Ainsi, même si je n’ai jamais été dans l’espace pour me rendre compte de mes yeux que la terre est bien ronde, j’ai la certitude que c’est une connaissance crédible, car cette source d’information est transmise par toutes les sources d’informations que je considère comme fiables. 

A l’opposé, une personne est récemment morte dans un accident de fusée qu’elle avait construite parce qu’il ne croyait pas les sources qui affirmaient que la terre était ronde. Elle voulait vérifier elle-même sa théorie. 

La confiance naît de la succession d’expériences réussies et d’échecs. Plus on expérimente, acquiert des connaissances, plus la confiance croît, en corrélation avec la confiance en soi. 

Garder confiance
Garder confiance, pas le choix

La confiance en soi

La confiance en soi se forme par la quantité d’actions réussie et importantes pour moi. Là encore, il y a une corrélation entre le nombre d’actions et le degré de confiance. Cependant, si les premiers actes ne sont pas couronnés de succès, la tentation est grande de ne pas renouveler ses expériences. Le mouvement est brisé, parfois pour longtemps, et plus le temps passe et plus il est difficile de regagner confiance en soi.

Nombreuses sont les personnes qui craignent s’exprimer en public, ne se sentent pas à l’aise, redoutent le jugement et le regard des autres. J’en fais partie. 

Je me souviens que je pouvais passer des récréations entières sans pouvoir parler. J’avais simplement peur que mes paroles soient mal interprétées. Et moins je parlais, moins je trouvais les ressources pour parler. Mon esprit ne pouvait se libérer de cette peur, et trouver les mots justes, l’expression qui fera rire mes copains. 

Un cercle vicieux qui me poursuivit, très très longtemps et me hante parfois encore.

Il aurait fallu que je me lance même si on avait ri de moi. Mais quand on est adolescent, on ne se rend pas compte que rien n’est définitif, qu’il faut sans cesse essayer et trouver la force de remonter les courants contraire. Des courants de plus en plus puissants si on ne les affronte pas le plus tôt possible.

… la base de la confiance

On dit souvent qu’on ne peut avoir confiance en quelqu’un qui n’a pas confiance en lui. Et effectivement, une personne qui doute de ses capacités sera dans l’impossibilité de donner le meilleur d’elle-même. La confiance se fonde sur la confiance que l’on a en soi.

Prenons l’exemple d’un archer aux jeux olympiques.
Son équipe aura confiance en lui s’il est performant et régulier dans ses tirs. Il devra s’entraîner encore et encore pour acquérir deux choses :

  • l’aptitude à viser le centre de la cible, 
  • et également la confiance en soi, indispensable à la régularité.

Les événements qui fragilisent le degré de confiance : l’émotion

On peut définir une émotion comme le rappel d’un moment vécu, suite à un événement, qui provoque une réaction corporelle : rougeur de la peau, sueurs, tremblements, larmes, joie, enthousiasme, gorge qui se serre, voix étouffée, essoufflement, panique…

garder confiance
Rester calme…

Au delà de ces manifestation corporelles, l’esprit s’embrouille. 

Impossible de se concentrer ni sur l’objectif ni sur le présent. Les émotions, avec toute leur puissance, prennent le dessus.

C’est normal. Lorsque la situation est inédite, le corps nous alerte via les émotions. Quitte à prendre en main la direction des opérations par des réflexes.

C’est un moyen de défense face à… l’inédit. Donc, pour s’en prémunir, encore une fois, il faut essayer. Essayer malgré toutes ses peurs, ses malaises. “Tout ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort”. C’est la rencontre de Conan Le Barbare (véridique citation dans le film !) et Nietzsche. Toutes les sources sont bonnes à prendre !

Les événements qui fragilisent le degré de confiance : la pression sociale et le renforcement

Comme nous l’avons évoqué, la confiance se forge par transitivité et se renforce par l’adhésion d’un grand nombres de personnes. Mais lorsque la majorité se trompe, que des informations contradictoires de sources fiables, se télescopent, ou que la peur s’installe (réflexe de défense), c’est toute la chaîne qui se brise. 

C’est ce principe qu’utilise les lobbyistes. Il suffit d’insuffler une information contradictoire et de la répandre pour qu’un statu quo vacille. Tout l’élan qui naissait de l’adhésion par la confiance se brise. Je pense bien sûr aux débats actuels sur le climat, sur les vaccins, l’utilisation de produits phytosanitaires en agriculture… Jouer sur la crédibilité d’une autorité plutôt que sur ses dire. Lorsque le contenu est inattaquable, on manipule les opinions via sa source. Moeurs “bizarres”, prises de position antérieures, commanditaires parties prenantes… Tout est bon pour décrédibiliser l’émetteur de l’information. On sape la confiance, plutôt que de parler du fond. 

L’argent : la confiance matérialisée

Pour finir, j’aborderais le support matériel ou immatériel le plus répandu, celui qui parfois dirige nos vies et nos aspirations : l’argent (ou monnaie).

Qu’est-ce que l’argent si ce n’est une confiance transitive ? Il permet que des échanges traversent le temps et l’espace. J’effectue un travail, et en échange on ne me donne pas immédiatement ce dont j’ai besoin. Mais un symbole qui représente une valeur en laquelle j’ai confiance, car j’ai confiance en son émetteur, une banque centrale. Je sais que cet argent est échangeable et stable parce qu’associé à un pays, une économie, une organisation…

Voici une expérience de pensée assez troublante. Imaginons que nous retirions l’argent. Mais laissions tout en place (infrastructure physiques). Intrinsèquement, rien n’a changé. Mais nous serions dans l’incapacité de faire des échanges et donc de s’alimenter, payer son chauffage, déplacement, se vêtir… par carence de confiance.

Si l’on poursuit, cela veut dire que tout notre développement, nos organisations sont uniquement liées… à la confiance.

Alors, comment garder confiance ?

Lorsque l’on se pose la question, c’est qu’il est déjà trop tard. Le lien s’est fragilisé. Alors, comment revenir à l’état initial, c’est-à-dire, retrouver confiance.

Voici quelques vérifications à faire avant toute conclusion :

  • valider la source de signaux négatifs : refaire la chaîne des messages. Est-ce que chaque maillon est fiable ? (ex : source d’information en cas d’annonce d’un remède miracle lors d’épidémie…)
  • rationaliser les messages : vérifier l’interprétation que l’on se fait des signes. Que signifie un silence, une remarque déplacée, un anniversaire oublié… ou l’utilisation d’un masque en cas d’épidémie…

Prendre du recul, laisser passer les émotions. Comme nous l’avons vu, les émotions nous figent et nous font revivre nos réactions à des moments pénibles. Voici quelques conseils :

  • Ne pas réagir immédiatement. (lorsqu’on a le choix)
    La confiance est un lien réciproque. La remettre en cause, à mauvais escient, peut la fragiliser… par erreur. Ne pas prendre de décision définitive trop rapidement.
  • Lorsqu’il est difficile de retrouver son calme, s’en remettre à des méthodes comme la pratique d’exercices de respiration ou de méditation.

Enfin, lorsque l’on est sûr de ne pas être sous le coup de ses émotions, n’ayons pas peur de suivre nos intuitions (voir article sur la prise de décisions). Avec l’expérience, nous pouvons acquérir un certain degré de confiance dans les signes que nous envoient notre cerveau, qui travaille sans cesse en « tâche de fond ».

Dans l’idéal, il aurait fallu être prêt à s’avouer que la nouvelle situation ne permet peut-être plus « retrouver confiance ». Mais, nous ne sommes pas des machines. Et le processus de perte de confiance, lorsqu’il s’agit de personnes chères, ou à fort enjeu, est semblable au processus de deuil. Pour rappel, en voici les cinq étapes :

  • le déni
  • la colère
  • la négociation
  • la dépression / la douleur
  • et enfin… l’acceptation

En conclusion 

Par ce post, je souhaitais mettre en relief en quoi la confiance est avant tout une relation de confiance. Et en ce sens, elle est intimement liée à la notion de bonheur et de liberté. En effet, la confiance est

  • un indicateur de nos relations, y compris des relations humaines, qui constituent le premier facteur de bonheur,
  • un catalyseur d’échanges de biens et services, 
  • très pratique ! lorsque l’on a confiance, que de temps de gagner ! Moins de stress, de soucis, de peur,
  • le fondement des organisations qui régissent les hommes (représentation du monde, justice…)
  • une capacité qui se travaille, à tous les niveaux (personnel, institutionnel…),
  • … qui nous permet de nous mettre en mouvement.

Comment se gagne la confiance ? Par l’expérience directe et par transitivité. Comment trouver la confiance ? En testant, expérimentant. On ne peut gagner ou garder confiance qu’en mettant à l’épreuve ses idées, ses croyances par des actes.

Pour information

Cet article participe à l’événement “Comment garder confiance” du blog Trouver-la-bonne-personne.fr J’apprécie beaucoup ce blog. Je trouve que Marie sait tout particulièrement trouver les mots pour… donner confiance et se motiver.

Dans son blog, un de mes articles préférés est Les couples de La Casa de Papel : l’Amour sous toutes ses formes. Le thème semble un peu éloigné de notre article, quoique, on y parle beaucoup d’argent. On y vole même de l’argent qui n’existe pas. Ce qui signifierait que ce n’est pas un vol… Dans tous les cas, cette opération nécessite un haut degré de confiance des membres entre et en eux !

Pour aller plus loin : [cliquer ici]

Photo by Casey HornerJakub ChloubaStephen Leonardi on Unsplash

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2 réflexions au sujet de “Garder confiance : la peur de perdre le contrôle ?”

  1. Merci Geoffrey pour ces réflexions profondes. Je n’avais jamais considéré la confiance sous tous ces angles…
    Merci aussi de partager ton vécu personnel qui me touche beaucoup.
    J’espère juste que mon partenaire ne me demandera pas en mariage comme sur la photo, car je pourrais tomber dans le vide 😀

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